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« L’Académie vit bien dans son siècle »

03-01-2012
Quotidien "La Marseillaise"
 

près de lourds travaux qui viennent de s’achever, il n’y a plus de péril imminent pour le siège de l’Académie de Marseille. STEPHANE CLAD
près de lourds travaux qui viennent de s’achever, il n’y a plus de péril imminent pour le siège de l’Académie de Marseille. STEPHANE CLAD
Le directeur de l’institution Jean-Raoul Monties revient sur les travaux de rénovation de son siège.

Cette rue étroite qui monte à la Plaine porte le nom d’Adolphe Thiers. Elle n’est pas des plus lumineuses et cela sied assez bien aux sombres gloires de l’auguste personnage, bourreau de la Commune. Adolphe Thiers y serait né au n°40, dans un immeuble aux trois fenêtres, typiquement marseillais. Sa belle-sœur, Félicie Dosne, en a fait don à l’Académie de Marseille en 1905. L’institution y a installé son siège dans la foulée.
    Fort peu argentée, la compagnie n’a pu assurer les travaux courants. Menacé d’écroulement, le siège de l’Académie a dû faire l’objet d’importants travaux de rénovation depuis juillet. Elle rouvrira le 12 janvier. L’occasion de faire le point sur l’actualité académicienne avec son directeur, le professeur Jean-Raoul Monties. 


Comment cet immeuble est devenu le siège de l’Académie de Marseille ?
Ces deux immeubles marseillais typiques sont réputés pour être la maison natale d’Adolphe Thiers qui fut quand même le premier président de la République. Certes, il n’a pas laissé que des bons souvenirs mais on peut au moins mettre à son crédit qu’il a redressé les comptes du pays. Quoi qu’il en soit, bien après sa mort, en 1905 sa belle-sœur, Félicie Dosne, a décidé de faire don de ces immeubles à l’Académie de Marseille. Avec sa sœur Elise que Thiers épousa, Félicie était un peu son égérie. Avant cela, il a été l’amant de leur mère. Il a donc eu une vie de chenapan, ce qui n’est pas l’aspect le plus connu du personnage. Sa seule condition a été que la chambre où Thiers a vu le jour et le bureau attenant soient conservés en l’état.


Dans quel état est le bâtiment ?
L’Académie a beau être une institution fort ancienne, elle n’est pas riche. En 40 ans, rien n’a été fait. L’un de nos académiciens, Daniel Drocourt, est par ailleurs directeur de l’Atelier du patrimoine de la ville. Il nous a alertés sur son état, selon lui, de péril imminent. L’immeuble menaçait de s’effondrer. Le toit, les murs, les fondations, les canalisations… Tout était dans un tel état que le danger était immédiat. J’ai donc pris mon bâton de pèlerin et fait le tour des institutions pour trouver les sous pour financer les travaux. Jean-Claude Gaudin, lui-même académicien, a donné de l’argent sur sa réserve parlementaire. Ensuite, la Ville, les conseils général et régional ont apporté leur contribution pour financer les 390 000 euros. Les travaux ont démarré en juin et viennent à peine de s’achever. Pour tout dire, il reste encore beaucoup à faire.


En ce XXIe siècle, l’Académie a-t-elle toujours sa raison d’être ?
Je le pense en effet. L’Académie a été créée par lettres de patentes de Louis XV en 1726. Elle a traversé les siècles, avec quelques interruptions notamment pendant la Révolution. Elle a toujours eu 40 membres reconnus comme des personnalités imminentes dans leur spécialité scientifique ou littéraire. Une fois par mois, nous organisons des réunions publiques à l’Alcazar sous le nom des « Entretiens de l’Académie ». Et nous avons même des projets pour l’année capitale en 2013. Nous allons raconter l’histoire de chaque siège à travers ses occupants successifs. Ainsi, celui que j’occupe était celui d’un évêque qui a inventé le percolateur. J’y pense à chaque fois que je bois un bon café.


PROPOS RECUEILLIS PAR
BENOÎT GILLES

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