près
de lourds travaux qui viennent de s’achever, il n’y
a plus de péril imminent pour le siège de
l’Académie de Marseille. STEPHANE CLAD
Le directeur de l’institution Jean-Raoul
Monties revient sur les travaux de
rénovation de son siège.
Cette rue étroite qui monte
à la Plaine porte le nom d’Adolphe Thiers. Elle
n’est pas des plus lumineuses et cela sied assez bien aux
sombres gloires de l’auguste personnage, bourreau de la
Commune. Adolphe Thiers y serait né au n°40, dans un
immeuble aux trois fenêtres, typiquement marseillais. Sa
belle-sœur, Félicie Dosne, en a fait don
à l’Académie de Marseille en 1905.
L’institution y a installé son siège
dans la foulée.
Fort peu argentée, la
compagnie n’a pu assurer les travaux courants.
Menacé d’écroulement, le
siège de l’Académie a dû
faire l’objet d’importants travaux de
rénovation depuis juillet. Elle rouvrira le 12 janvier.
L’occasion de faire le point sur
l’actualité académicienne avec son
directeur, le professeur Jean-Raoul Monties.
Comment cet immeuble est devenu le
siège de l’Académie de Marseille ?
Ces deux immeubles marseillais typiques sont
réputés pour être la maison natale
d’Adolphe Thiers qui fut quand même le premier
président de la République. Certes, il
n’a pas laissé que des bons souvenirs mais on peut
au moins mettre à son crédit qu’il a
redressé les comptes du pays. Quoi qu’il en soit,
bien après sa mort, en 1905 sa belle-sœur,
Félicie Dosne, a décidé de faire don
de ces immeubles à l’Académie de
Marseille. Avec sa sœur Elise que Thiers épousa,
Félicie était un peu son
égérie. Avant cela, il a
été l’amant de leur mère. Il
a donc eu une vie de chenapan, ce qui n’est pas
l’aspect le plus connu du personnage. Sa seule condition a
été que la chambre où Thiers a vu le
jour et le bureau attenant soient conservés en
l’état.
Dans quel état est le
bâtiment ?
L’Académie a beau être une institution
fort ancienne, elle n’est pas riche. En 40 ans, rien
n’a été fait. L’un de nos
académiciens, Daniel Drocourt, est par ailleurs directeur de
l’Atelier du patrimoine de la ville. Il nous a
alertés sur son état, selon lui, de
péril imminent. L’immeuble menaçait de
s’effondrer. Le toit, les murs, les fondations, les
canalisations… Tout était dans un tel
état que le danger était immédiat.
J’ai donc pris mon bâton de pèlerin et
fait le tour des institutions pour trouver les sous pour financer les
travaux. Jean-Claude Gaudin, lui-même académicien,
a donné de l’argent sur sa réserve
parlementaire. Ensuite, la Ville, les conseils
général et régional ont
apporté leur contribution pour financer les 390 000 euros.
Les travaux ont démarré en juin et viennent
à peine de s’achever. Pour tout dire, il reste
encore beaucoup à faire.
En ce XXIe siècle,
l’Académie a-t-elle toujours sa raison
d’être ?
Je le pense en effet. L’Académie a
été créée par lettres de
patentes de Louis XV en 1726. Elle a traversé les
siècles, avec quelques interruptions notamment pendant la
Révolution. Elle a toujours eu 40 membres reconnus comme des
personnalités imminentes dans leur
spécialité scientifique ou littéraire.
Une fois par mois, nous organisons des réunions publiques
à l’Alcazar sous le nom des « Entretiens
de l’Académie ». Et nous avons
même des projets pour l’année capitale
en 2013. Nous allons raconter l’histoire de chaque
siège à travers ses occupants successifs. Ainsi,
celui que j’occupe était celui d’un
évêque qui a inventé le percolateur.
J’y pense à chaque fois que je bois un bon
café.
PROPOS RECUEILLIS PAR
BENOÎT GILLES
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