"C'est un tiroir de bureau tout bête. Il y a quarante ans, le secrétaire adjoint de l'Académie l'avait fermé à clefs, avant de mourir. Puis les clefs avaient disparu. C'est étrange mais durant tout ce temps, personne n'avait cherché à le faire ouvrir", explique Georges Bergoin, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, lettres et arts de Marseille confirmant une information du quotidien La Provence.

Jusqu'à ce qu'une bénévole ait plus de curiosité que les autres. Elle fait venir un serrurier et découvre "un document qui n'était même pas inventorié", selon M. Bergoin : un manuscrit d'une trentaine de pages, à l'écriture soignée faite de pleins et de déliés et signé Edmond Rostand. Datée de 1887, la composition a été écrite à 19 ans pour un concours lancé par l'Académie.

Thème imposé : faire le parallèle entre deux Provençaux complètement opposés, le très classique Honoré d'Urfé (1567-1625), à la morale appréciée des salons mondains, et le socialiste Emile Zola (1840-1902), bête noire des bien-pensants. "Rostand démontre qu'ils ont une vision commune de la nature" et, surtout, fait preuve d'une "qualité d'écriture" extraordinaire, selon le secrétaire perpétuel. Déjà transparaît la virtuosité de l'auteur de "Cyrano de Bergerac" (1897).

Le jeune Rostand remporte le concours et son essai est publié l'année d'après. "On pensait le manuscrit perdu. Cela a été très émouvant de le retrouver", se souvient M. Bergoin, d'autant plus que le texte est "en très bon état même si l'encre a pâli". La composition rejoindra "les centaines de manuscrits" que conserve l'Académie depuis 1726, date de sa création.